mercredi 20 novembre 2013

Je suis parfaite

Les femmes, on a quand même une capacité à se prendre la tête et à faire des nœuds à partir de rien qui me dépasse. Et je m'inclue dedans. 
J'ai cette propension à déduire d'un pouêt envoyé par texto la hauteur des vagues en mer Baltique, le temps qu'il fera dans 37 heures, et si la personne portait des chaussettes bleues au moment de l'envoi. 
Déduire est, évidemment, un bien grand mot. En général, je reste plantée devant le téléphone, je relis trois quatre fois le message envoyé (c'est pas très long de lire pouêt, même douze fois, ça doit bien me prendre treize secondes), je factorise l'heure de l'envoi, le sens du vent, depuis combien de jours je me suis lavé les cheveux et hop, j'arrive exactement à ça : bleu. La couleur des chaussettes de l'expéditeur. 
Ouais, parce qu'avec une expéditrice, j'ai pas besoin de décodeur. Elle me dit on peut se parler, et je m'installe dans le canapé, chargeur de portable déjà enquillé sur le bidule, on en a pour deux heures et trois thés, une balade de petit chien, et quelques grattages de tempe au passage, mais je sais ce qui va se passer, toussa, toussa. Ça s'arrose. 
Ouais. Alors qu'avec un expéditeur, j'ai déjà plus de mal. 
Exemple numéro 1, reçus récemment, d'un prétendant qui avait l'air pas mal, qui envisageait potentiellement de m'emmener aussi au resto et pas seulement sous sa couette (parce que c'est pas gentil de piquer le travail des dames qui en ont besoin pour payer leur loyer, et en plus de faire ça gratos, c'est de la concurrence déloyale, ça casse le marché, etc.), j'ai eu droit à cette merveille, et c'est une merveille, en détail : 
J'ai passé une très bonne soirée avec toi. [blablabla] Tu es belle rigolote et cultivée. Néanmoins j'ai globalement peu de motivation en ce moment et après quelques jours d'hésitation j'ai la sensation de ne pas avoir une motivation suffisante [blablabla].
Oui, je suis magnifique et merveilleuse, mais en fait non. En décodé c'est pas toi c'est moi. J'attends encore celui qui me dira je me concentre sur ma carrière, en fait. Alors que c'est lui qui a commencé à me dragouiller quand j'avais rien demandé à personne en Harley Davidson. 

Et sinon, dans un style beaucoup plus concis, j'ai aussi droit à ça comme message : 


Comment ça, rien ne s'affiche ? Mais oui, c'est normal. Sur mon téléphone non plus, d'ailleurs. L'intéressé pensant bien évidemment que s'il n'y a pas soirée bouillotte, ça ne sert à rien de me dire qu'il est vivant, puisqu'il fait autre chose, donc quand il sera dispo pour faire des choses avec moi, il me le fera savoir. Et comme je ne compte pas attendre assise sur mon téléphone, moi aussi je fais des choses, ce qui fait qu'on ne fait pas nécessairement grand chose ensemble à force de faire trop de choses dans notre coin, mais je m'égare et ce n'est pas le cœur du débat, puisque quand la chose le taraudera, il m'écrira bien quelque chose pour qu'on se bricole une chose. Je ne sais pas si vous avez compris grand chose mais je me comprends. 
La discussion préliminaire avec ce môssieur là incluait également la phrase magique tu es magnifique et merveilleuse mais je n'ai pas envie de construire une histoire en ce moment, ce qui se traduit de nos jours, pour ceux du fond qui ont encore du mal à suivre par on baise ? (expression du XXème siècle, en version intérimaire pour la nuit seulement) et tant qu'on y est, on va pas se prendre la tête, on y reviendra > mode PQR on, par soyons sex friends (expression du XXIème siècle qui veut dire à peu près la même chose, en version intérimaire à durée indéterminée). Le booty call ayant le gros avantage de zapper les préliminaires de rigueur (apéro, resto, ciné sont balayés, on passe directement au dessert, c'est plus pratique, et on a pas à se creuser la tête pour choisir un sujet de conversation) (si on a besoin de chercher un sujet de conversation c'est qu'il faut revisiter la liste des invités) (ou qu'on n'a pas compris le concept). 

Mais bon. Il parait que je suis parfaite et que j'ai un grain de peau sublime, alors, pourquoi est ce que je continue à faire des nœuds avec mes neurones, hein ? 

2 commentaires:

  1. Chère Dolce, je suis bien d'accord avec vous ! Mais qu'es-ce qu'on leurs a fait pour qu'ils aient si peur de s'engager, ne serais-ce qu'un peu ? n'est-il pas temps d'envisager, à un certain âge de poser bagages ? Et puis nous ne sommes pas là pour piquer le travail de certaines en étant bénévoles non plus...
    J'ai lu tout votre blog depuis un mois (oui oui tout repris) et je vous remercie, on se sent vraiment moins seule !
    Au plaisir de vous lire !

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  2. Merci Tonks... Au plaisir de vous recroiser ici et là au fil des articles. Et, ouais, girl power :)

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